De graves difficultés de recrutement qui persistent

Près de 90 % des répondants assurent rencontrer d'importantes difficultés de recrutement récurrentes. De ce fait, la gestion des tensions liées aux ressources humaines prend trop de place dans le quotidien des directions et des cadres.

La situation est d'autant plus inquiétante que dans les structures fonctionnant en sous-effectif, les problèmes semblent s'aggraver. En 2021, elles étaient 10 % à déclarer que les postes vacants représentaient entre 15 et 20 % de leurs effectifs. Cette année, elles sont 14 %... Les raisons conduisant à lancer des recrutements ne sont guère plus rassurantes. Pour près de 43 % des répondants, il s'agit avant tout de faire face aux départs des professionnels et, pour pas loin de 42 % d'entre eux, de pallier les absences, liées notamment aux arrêts maladie. Seuls 13 % ouvrent des postes pour renforcer leurs équipes, lancer de nouveaux dispositifs ou augmenter leur nombre de places.

Si la pénurie est particulièrement marquée dans les métiers de l'accompagnement et de l'éducatif, elle se concentre aussi sur les professionnels du soin et du paramédical. Les tensions sont manifestes sur les postes d'infirmier de jour et de nuit, les aides-soignants, les accompagnants éducatifs et sociaux (AES) et les moniteurs éducateurs... Mais la désaffection est aussi de mise pour les fonctions support et l'encadrement.

À la question « Comment voyez-vous 2023 en matière de recrutement dans votre structure ? », 37 % des répondants n'anticipent aucun changement. Ils sont presque autant à s'attendre à davantage de difficultés…


Une conséquence : le risque d’épuisement pour les équipes en place

Si les directeurs et les cadres sont plus de 70 % à réussir à concilier vie professionnelle et vie personnelle, ils sont aussi 90 % environ à évoquer une charge de travail importante. L'obligation de décider dans l'urgence, les contraintes financières, les injonctions contradictoires font également partie du quotidien pas simple de la plupart d'entre eux. A cela s'ajoute le casse-tête du recrutement qui constitue une source de difficultés majeure pour beaucoup. Plus des deux tiers des répondants ressentent des effets négatifs de leur travail sur leur santé physique ou psychique.

Plus de 90 % évoquent un manque de temps et de compétences pour développer l'offre et les projets. Ils sont aussi plus de 70 % à mentionner une désorganisation au sein de leur structure et presque autant à constater une dégradation de la qualité de l'accompagnement et des soins.

Selon le Baromètre, le type de fonction exercée joue aussi pour beaucoup. Les directeurs d'établissements ou de services, leurs chefs de service et cadres intermédiaires, se montrent ainsi moins enthousiastes sur leurs conditions de travail ou sur la satisfaction retirée de leur année 2022 que leurs supérieurs directeurs de siège ou généraux. Une différence de taille qui se retrouvent aussi dans le manque de reconnaissance éprouvé. 65 % des répondants estiment que leur travail n'est pas reconnu à sa juste valeur. Une proportion qui grimpe à 71 % chez les directeurs d'établissements quand ce sentiment est moins partagé chez les cadres du siège (53 %).


Et malgré tout, des satisfactions et une motivation toujours présente

La qualité des liens entretenus avec leurs équipes contribue largement à un regard positif posé sur leur fonction. Pour plus de 28 % des répondants, c'est même leur première source de satisfaction, presque à égalité avec les projets et développements menés au sein de leur structure. Faire vivre une dynamique de projets et de transformation, notamment ceux qui favorisent l’inclusion, la participation et la pleine expression des personnes accompagnées, leur bien-être et celui des salariés semble être ce qui les anime avant tout.

Satisfaits à près de 70 % de leurs conditions de travail, les dirigeants et cadres ayant répondu à l'enquête disent évoluer dans un climat social plutôt apaisé (62 %) et travailler en accord avec leur hiérarchie et leur gouvernance (76 %).

Une grande majorité estime que leur autonomie est suffisante. Ce qui n'exclut pas quelques motifs de crispation. Ils aimeraient avoir plus de marge de manœuvre notamment en matière de rémunérations et de responsabilité managériale.


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Baromètre Direction[s] : le profil des répondants
Fonctions des répondants :
32,6 % sont des directeurs d'établissements ou de services, ou directeurs adjoints
20,9 % sont des directeurs généraux ou adjoints
17,5 % sont des chefs de service ou des cadres intermédiaires
13,7 % sont des directeurs de pôle, de plateforme ou multi-établissements
8,4 % sont des directeurs et cadres fonctionnels au sein d'un siège
6,7 % : autres
Champs d’intervention :
31,3 % exercent dans les structures accueillant des personnes en situation de handicap
19,1 % dans les établissements pour personnes âgées
10,5 % dans les structures relevant de la protection de l'enfance
8,3 % dans les services d'aide et de soin à domicile
7 % dans les établissements et services sanitaires
5,9 % dans le champ de l'insertion des publics en difficulté sociale et demandeurs d'asile
2,4 % dans les structures relevant de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)
2,4 % dans les services de protection juridique des majeurs
13 % : autres (services déconcentrés de l'État, ARS, CCAS, addictologie, centre de formation...)